Atos fait de ses supercalculateurs un étendard de souveraineté et d’indépendance


Le nouveau modèle BullSequana XH3000 d’Atos, à Paris, le 16 février 2022.

La souveraineté technologique française et européenne passe par une zone industrielle, à quelques kilomètres du centre-ville d’Angers, dans une ancienne usine Bull construite au début des années 1960. C’est là qu’Atos, propriétaire du groupe d’informatique depuis 2014, assemble ses supercalculateurs, des ordinateurs à haute performance (high performance computing, HPC), dont la vitesse se mesure en pétaflops (1 pétaflop équivaut à 1 million de milliards de calculs en une seule seconde). La dernière machine sortie de l’usine d’Angers, destinée au Cineca, le centre national de calculs italien, a été flashée à 174 pétaflops… Certaines sont plus rapides. Aux Etats-Unis, un supercalculateur construit par l’américain Hewlett-Packard Enterprise (HPE) a franchi la barre symbolique des 1 000 pétaflops, ce qui en fait la première machine exaflopique.

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Ces monstres informatiques ne sont pas faits pour M. et Mme Tout-le-monde. Une seule armoire métallique (rack), dans laquelle sont superposés des dizaines de microprocesseurs, compte plus de 5 millions de composants, pèse plus d’une tonne et demie. Certains projets alignent 150 racks les uns à côté des autres. Le tout est refroidi à l’eau, en circuit fermé, pour maintenir la température autour de 40 °C. Le prix est proportionnel au poids : il se compte en centaines de millions d’euros. Ces machines sont indispensables aux besoins de calculs des services de météorologie, des centres de recherche, notamment en intelligence artificielle ou en sciences des matériaux, ou de certains industriels, comme EDF, Total ou Airbus en France.

Les sciences de la vie les utilisent aussi de plus en plus. Pendant le Covid-19, des supercalculateurs ont été mis à disposition des laboratoires pour accélérer la recherche de vaccins. Ces superordinateurs servent aussi pour des missions plus secrètes. Les machines d’Atos équipent le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) pour ses applications militaires. C’est d’ailleurs l’arrêt des essais nucléaires français, en janvier 1996, qui a offert une seconde jeunesse aux supercalculateurs de Bull, les ordinateurs permettant de simuler une explosion.

Une activité modeste financièrement

Financièrement, l’activité HPC reste modeste pour Atos : de 300 millions à 400 millions d’euros de chiffre d’affaires par an, en fonction du nombre de commandes, sur un total de plus de 10 milliards pour le groupe. Mais les technologies, les clients et la rareté du savoir-faire – seul fabricant européen, Atos est le numéro trois mondial, derrière HPE et le chinois Lenovo – font des supercalculateurs un « actif stratégique pour la France et l’Europe », insiste Emmanuel Le Roux, le responsable de cette division chez Atos, dans un domaine où les Américains dominent. Outre HPE, qui a racheté, en cinq ans, ses compatriotes SGI puis Cray, tous les microprocesseurs qui font tourner ces machines sortent de chez Intel, AMD ou Nvidia.

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Catégorie article Politique

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